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Transhumances
mardi 26 janvier 2016
Jusqu’au milieu du XXe siècle les activités pastorales étaient rythmées par la transhumance.
Il n’y avait pas que le bétail qui transhumait, les familles entières avec vivres, mobiliers et animaux fuyaient la chaleur estivale, la sécheresse, les moustiques et tous les inconvénients attenants.
Ce déplacement de populations est une des raisons de la création, dans l’arrière pays montagneux, de localités dépendant de communes du pourtour côtier. La raison principale étant les razzias que les turques organisaient dès le XVe siècle à partir du Maghreb et qui ont conduit à un repli vers l’intérieur, à l’abandon des zones littorales.
C’est le cas d’Aullène (au pied de l’Incudine) et d’Aullène de Monaccia (dans la plaine de Figari), aujourd’hui deux communes distinctes.
En Corse, il y a deux mots pour signifier transhumance. « A muntanera » signifie transhumance vers la montagne, elle avait lieu en mai. « L’impiaghjera » signifie transhumance vers le bord de mer, vers la « piaghja », elle se déroulait en octobre.
Le départ se faisait soit le soir, soit très tôt le matin. Il fallait un jour et demi pour aller de Monaccia à Aullène, avec plusieurs haltes et un bivouac de nuit. Le voyage se préparait plusieurs jours à l’avance, lessives, fabrication du pain pour plusieurs jours, coupe de cheveux des enfants, graissage des roues de la charrette, vérification de la lanterne obligatoire sous peine de verbalisation par les pandores, préparation des malles et des caisses... et chargement du cochon et de la volailles dans des caisses attachées à l’arrière de la remorque sur lesquelles on entassait sac de pomme de terres, d’oignons, d’aulx !
Le bétail suivait à pied. Si les bovins montaient en premier, et chèvres et moutons dans un deuxième temps, tous redescendaient en même temps, avant que ne débute la récolte des châtaignes. Les familles ne redescendaient qu’après la récolte et plusieurs voyages étaient nécessaires car la charrette ne pouvait transporter plus de 500 kg.
Les enfants commençaient donc leur scolarité à Aullène et la terminaient à Monaccia d’Aullène.
Au col de la Bocca, qui sépare Monaccia d’Aullène de la vallée de l’Ortolo, se dresse l’oriu de Grossetto, un magnifique double oriu, ouvert sur le golfe de Ventilègne.
Il est en bordure de la draille, en provenance de Monaccia, qui suit un chemin fréquenté depuis la préhistoire, qui est aussi le chemin qu’empruntaient les transhumances entre Aullène et Monaccia.
Une légende raconte qu’à cet endroit un évêque a vu le diable. Son cheval s’étant cabré a laissé l’empreinte de ses sabots dans la pierre. D’où le nom du col : Bocca d’Acqua à un Vescu.
Ces marques sont tantôt des gravures préhistoriques, tantôt des signes naturels réinterprétés par la tradition populaire. La seule certitude est que le franchissement de la montagne de Serragia, de tous temps, s’est effectué par ce col, avant que ne soit taillée dans la roche la route du col de Roccapina et que ne soit construite la maison cantonnière....