Randonnées pédestres en Corse

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"Il rêvait la prairie amoureuse, où des houles...

vendredi 22 septembre 2023

"Il rêvait la prairie amoureuse, où des houles lumineuses, parfums sains, pubescences d’or, font leur remuement calme et prennent leur essor !" Arthur Rimbaud.

Je me souviens d’une randonnée le long des côtes du sartenais, nous étions partis de Porto Pollo,, nous avions laissé sa tour, sa vigie derrière nous et suivi le sentier du bord de mer, de criques en criques, où parfois un vieux muret séparait des parcelles revenues à l’état sauvage... nous avions traversé des plateaux d’abrasion [1] que le rehaussement de l’île avait transformé en pâture où déambulaient quelques vaches,, longé de rares plages de sable au débouché d’un ruisseau, où par endroits l’air embaumait de je ne sais quelle plante mystérieuse... c’était divin, grandiose,

Aujourd’hui j’hésite, ai je encore le droit de raconter hier, de voir une nature alors intègre aujourd’hui parfois saccagée... alors dois je ne rien dire, et laisser chacun trouver par lui même les réponses à ses interrogations. A tout piétiner sans effort, un effort est aujourd’hui demandé, il est indispensable.

"A sept ans, il faisait des romans, sur la vie du grand désert, où luit la Liberté ravie, forêts, soleils, rivières, savanes ! " Hélas les temps ont bien changé..

C’était divin, grandiose, les amas rocheux entre lesquels le sentier se faufilait, le battement incessant de la mer, la brise qui coiffait à l’uniforme la végétation, arbres ou arbustes, par anémomorphisme... les cistes tous pareillement inclinés, taillés selon des ondulations harmonieuse et merveilleusement fleuries de milliers de fleurs blanches et parfumées. Par endroit le sentier était boueux, voire devenait une mare, parfois d’eau douce , parfois d’eau salée. Les vents du large, la houle, poussait le sable à la cote, il formait des dunes au débouché des cours d’eau, Agulia , la Tonnara ou le nord du golfe de Ventilegne (étangs de Pisciu Cane et de Testarella) en sont des exemples frappant, propices à la faune, car rapidement des étangs se créaient à l’arrière des dunes, pour le bonheur de toutes sortes de canards....
Avant le cap Sénétose une citerne cachée dans le maquis recueillait les eaux d’une source c’était là que nous avions dressé notre premier bivouac et pris notre 1ère douche. Le camping est interdit dans les parcs nationaux mais nous avions juste tendu nos hamac pour une sieste sous les étoiles, sans plus. Le lendemain nous étions au phare pour une bière fraiche dans un cadre où le sur-tourisme n’a pas causé encore de dégâts car il faut marcher pour l’atteindre, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui dans la baie de Tivella où une navette venue de Propriano déverse pour la journée sa cargaison de touristes qui abandonnent dans le maquis alentour bouteilles, papiers et détritus,... Après être allés au pied de la tour de Sénétose - une tour construite pour se protéger des barbaresques (des turcs donc) - d’où on aperçoit les caps fermant la baie d’Ajaccio et ouvrant les Bouches de Bonifacio... et de là nous avions poursuivi la crête jusqu’à l’oriu de Pisciatella et des emplacements voisins de huttes remontant à l’age de bronze... Comme nombre de sites néolithiques les huttes étaient proches de la mer, mais invisibles du large - L’ennemi ne pouvait, déjà alors, venir que du large - proches également de la rivière de Grossa - qui aujourd’hui ne se jette plus dans la baie de Conca, mais dans la crique de Tivella, crique située au sud du cap - suite au rehaussement de l’île .

A proximité dans la vallé de Grossa se dresse toujours un dolmen, difficile à trouver car noyé sous la végétation, et un menhir toujours dressé à coté de nombreux autres couchés...
Du phare de Sénétose nous avions rejoint Tizzano, où nous avons laissé nos poubelles qui ne pesaient pas si lourds, et Antoine nous avait régalé...

C’est de là que nous était venu l’idée d’une rando de Porto Pollo à Bonifacio en ne suivant que les sentiers du bord de mer, mais il convient de bien la préparer, de disposer réserves en nourriture en quelques points de passage judicieusement choisis pour ne pas se charger de trop...et pouvoir se doucher chaque jour.
Si vous êtes curieux, que le confort vous est secondaire, l’effort faible - car on marche au niveau de la mer - que la marche est avant tout source de découverte, de satisfaction, que les sentiers de Compostelle vous semblent trop commerciaux, la Corse est pour vous, elle s’interdit toute privatisation mais doit encore trouver des réponses au sur-tourisme qui détruit plus qu’il ne crée ...

Nous sommes trop dépendant de la nature pour la dégrader davantage.
Merci


[1plateaux d’abrasion : La mer, jadis, atteignait un niveau plus élevé. Elle a usé les roches tendres, les transformant en plates-formes d’abrasion

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