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Des sources et des failles

jeudi 20 mai 2021

Quand une terre est en déprise rurale, elle est "sale" : la végétation a pris le dessus même si des troupeaux y sont gardés, aussi il devient difficile de voir où passent d’éventuelles lignes de fractures, d’éventuelles failles, les photos aériennes sont parfois plus parlantes, des soleil rasants mettent en relief des dénivelés parfois très faibles mais s’étendant sur de grandes distances, que quelques bosquets n’arrivent plus à cacher.... elles sont alors, parfois, cartographiées sur les cartes géologiques...

L’épierrage d’un terrain est le meilleur moyen de lire la structure profonde du socle d’un terrain en déprise - Voir l’article confinement. Car les pierres parlent aussi. Ainsi un alignement de pierres feuilletées, "schistées", indiquent le glissement de deux terrains : les pressions nécessaires à ce glissement ont chauffé les roches, les ont transformées,en les feuilletant... cette faille a recueilli des siècles durant les argiles issues de la décomposition du granit et progressivement le dépôt d’argiles a étanchéifié - étanché - la faille, la transformant en barrage. La partie supérieure de la faille accumule ainsi la percolation des eaux de pluie, et une nappe phréatique se forme.

Si la faille connaît des fragilités, par la croissance de racines par exemple, l’eau peut alors s’échapper en un point précis qu’une végétation hydrophile révèle. C’est là que les anciens aménageaient des sources... Photo de sources taries ou pas.
Mieux qu’un forage une faille permet de préciser la présence d’une nappe et à quelle profondeur elle se trouve, donc.... le lieu de creusement d’un puits (puits à toujours creuser au dessus de la faille, jamais en dessous...)

Croire qu’une tranchée creusée en contrebas d’une faille permettrait de récupérer par gravité cette eau est une erreur à ne pas commettre... car rien ne garantit que la faille présente à cet endroit une faiblesse quelconque laissant échapper son eau, à moins que la présence de plantes marécageuses ne laisse penser le contraire...

Les sources parfois se tarissent, du sable, de la terre et puis l’argile colmatent avec le temps le point où l’eau s’échappe par gravité. Rappelons que la décomposition du granite donne du sable, des argiles résultant de la décomposition des feldspaths, et de l’eau.

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source sans date gravée

Les anciens creusaient le sol jusqu’à rencontrer la faille, l’entaillaient en U et creusaient derrière elle , parfois en direction opposée, deux galeries pour drainer l’eau vers le passage qu’ils avaient ouvert. Une pierre creusée faisait alors, à la sortie, office de réceptacle des eaux libérées et la pierre était parfois même creusée d’un trou pour pouvoir glisser la feuille de jonc qui permettait de remplir la gourde, la bouteille, ou le broc...

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Pierre taillée pour réceptionner les eaux

Bref, nos ancêtres étaient ni aveugles ni sots...Ils savaient interpréter ce qu’ils ne voyaient pas.
Ils savaient aussi utiliser la trace d’une faille pour délimiter une parcelle. Parfois même ils renforçaient cette rupture de pente en édifiant un muret sur son tracé ou plantaient une haie. La présence d’eau dans le sol en bordure supérieure de la haie stimulait la
végétation.


Comme le fait remarquer justement Christian, les failles d’un vieux socle, s’étirent parfois sur de grandes longueurs, si bien qu’une même faille peut emprisonner plusieurs nappes dont le trop plein de l’une sert la suivante. Ainsi il n’est pas anormal dans un paysage de trouver plusieurs sources alignées...
L’avantage d’un puits sur un forage est de voir en permanence à quelle hauteur arrive la nappe phréatique et de réguler en conséquence sa consommation afin d’éviter que la pompe immergée d’un forage n’aspire du sable...

Constatons qu’en certains endroits la faille n’est remplacée ni par un muret ni par une haie mais par un fossé.
Ce fossé est en fait un drain car le terrain en contre bas de la faille est un terrain marécageux par débordement du surplus en eau prisonnier dans le terrain au dessus de la faille où une nappe phréatique est bloquée ...
Ainsi, avant la venue des forages, pour rendre cultivable en céréales la parcelle inférieure, nos ancêtres avaient creusé des fossés, des drains en fait, en vue de l’assécher et rendre la parcelle cultivable. Un début de muret marquait alors le début de la parcelle que des poteaux en granit, disposés en divers point du fossé (de la faille), rappelaient ... Cela peut se représenter ainsi que le montre le 3ème schéma contenu dans le porte folio.
Des drains secondaires, perpendiculaires au drain suivant la faille, permettaient alors d’évacuer l’eau tout en asséchant le sol...

Portfolio

  • Source tarie équipée en 1909
  • Source tarie de 1909
  • Source tarie, datée de 1909
  • 1909

Messages

  • On constate aussi que l’absence, jadis, de puits ou forages avait aussi autrefois transformé le bas de parcelles situées au dessus d’une faille, en terrain marécageux comme l’atteste par endroits la présence de plantes hydrophiles et de petits drains en ces terrains situés au dessus d’une faille , obligeant ainsi les anciens à y creuser aussi des drains en vue d’évacuer le surplus d’eau emprisonnée par cette faille vers la parcelle inférieure, noyée...

  • Toutes les failles ne sont pas constituées par des mouvement verticaux, certaines failles résultent de mouvements transversaux, longitudinaux, et elles sont donc plus difficiles à repérer sur le terrain car elles ne procurent qu’exceptionnellement un dénivelé sensible entre les deux parties...
    Néanmoins le changement de nature des roches procure à terme la même étanchéité en freinant la percolation des eaux de pluie et facilitant le dépôt des argiles issues de la décomposition de la roche, décomposition facilitée par l’acidité des litières qui constituent le sol, litières elles mêmes constituées par la terre transportée par le vent, la pluie, et les déjections de toute la faune...