6- Patrimoine

"Rien n’est pire dans l’existence que voyager léger. Sans bagage ni transmission."

Ils sont là, perdus dans les broussailles de l’oubli et de l’indifférence, tous ces vestiges de pierre sèche, de savoir faire, d’intelligence... les orius, les murets, les baracuns, les citernes, les puits, les ponts, les enclos, les aires de battage des blés, les fours à cade, les fours à poix, les fours à chaux, les oratoires, les chapelles, des millions de mètres cubes de pierres charriées, de terres poussées, de plantations alignées.

Il y a peu de temps, il n’y avait pas de forêt, pas de maquis en ces endroits, mais des espaces cultivés, pleins de vie.

Maintenant nous savons que les temps changent - climat, économie, développement, démographie,....- et, avec quelque nostalgie sans doute, nous comprenons le mot "patrimoine", et toute l’intelligence qu’il recèle.

"Mais nous aimons ces puits qui veillent loin des routes
Car nous nous demandons qui vient vers eux
Dans les herbes barrées de ronces, attirés
Par ces sortes de dômes que font leurs lauzes
Au dessus des buissons, là où commence
Le pays qui ne sait que l’éternel.
Qui s’arrête auprès d’eux aujourd’hui encore,
Qui les ouvre et se penche, en un autre monde.
Le fer rouillé résiste, il fait grand bruit
Puis grand silence quand retombe sur la pierre
La tôle qui sépare les deux ciels."

Yves Bonnefoy, le puits et les ronces.