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Ile de Fazzio
lundi 20 avril 2015
"Vers l’Ouest, le chemin de la Strada Vecia file entre de hauts murs sous un couvert de gros maquis. Les baracuns de pierre sèche marquent ce paysage d’anciens jardins. A la base des falaises s’ouvrent des grottes marines, dont la plus fameuse, U Sdragunatu, baigne dans des eaux d’un bleu irréel. L’entrée de la crique du Fazzio est dissimulée par deux îlots. Au fond de l’anse profonde de Paragan, le calcaire cède la place au granite."
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Parcours aller retour : compter 4h30
La Strada Vecchia part à deux pas de la marine, coincée entre un marchand de frites et un mur aveugle. Ce n’est plus la calade qu’il y avait encore voilà vingt ans. La voie se déchausse et la montée, pentue, sur le plateau n’est pas de nature à ralentir l’outrage : nous marchons sur les strates de calcaires.
Sur le plateau la calade reprend ses droits par endroits. Les murets, jadis propres, se cintrent, gonflent et parfois s’écroulent. Au dessus des arbres nous voyons Bonifacio, les toits, les églises, les casernes.
"L’histoire des lieux est intimement liée à celle de la ville. Ces espaces du piale aujourd’hui naturels étaient d’anciens jardins où lieux de cultures. La dalle naturelle de calcaire en est polie par les passages des pialinchi, paysans bonifaciens qui quittaient la ville à dos d’âne toute la journée afin d’exploiter de petites parcelles de terre disséminées dans la campagne." raconte Alain Di Meglio ( Les Bouches de Bonifacio, Actes Sud, 2004).
J. Lemeunier raconte dans son "Bonifacio de l’époque néolithique à nos jours" : "c’est avec la pierre qu’inlassablement il (le Bonifacien) a tirée de son champ qu’il a élevé non seulement les murs qui fixent les limites de chaque propriété, mais c’est encore avec elle qu’il a construit les baracuns, ces rustiques cabanes plus sûres que confortables, où il peut s’abriter en cas de mauvais temps ; c’est encore de cette pierre qu’il a fait usage, lorsque soucieux de protéger ses arbres fruitiers, ses légumes et même ses oliviers, contre le vent dévastateur, il a dressé les tramizi qui atteignent, par endroits, une hauteur imposante". Il y a là une véritable civilisation rurale qui organise l’espace limité du Piali en petites parcelles distribuées par un gigantesque maillage de chemins.
Voilà la calanque du Fazzio où les Glénans installent l’été une base de voile. Le Conservatoire a repris la gestion des terrains. Le camping, le bivouac, les feux, les dépôts de déchets, la circulation des véhicules à moteur ainsi que le débarquement sur les îlots sont interdits.
Le retour se fait par les falaises, au dessus de U Sdragunatu.
"La pierre sèche calcaire est toujours utile et finit par décorer : elle borne, protège, abrite, aménage et construit. L’œuvre est là, sous les yeux du promeneur, souvent cachée par un maquis arrogant qui a repris ses droits au mépris de siècles d’un opiniâtre labeur exalté par l’amour de la terre.’ (A. Di Meglio, lbidem)
Acquisitions du Conservatoire du Littoral : Fazzio
Source : Conservatoire
Au nord-ouest du goulet jusqu’à Paragan, le maquis haut est dominé par les genévriers de Phénicie, les oléastres et les chênes verts. Les secteurs ouverts les plus proches de la mer sont colonisés par la griffe de sorcière, une plante envahissante.