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En 1785 Buffon planta un platane...
jeudi 13 mai 2021
En 1785 Buffon planta un platane à l’entrée du Jardin des plantes, à Paris. 236 années plus tard, jamais taillé, il affiche sa grande forme.
- Chênes et iles
Car le platane, comme beaucoup d’arbres, vit très longtemps. Il est même "potentiellement immortel" : "Un homme est sénescent, c’est-à-dire programmé pour mourir. Pas un platane." Après la chute des feuilles, la vie repart au printemps et l’arbre retrouve son génome juvénile. S’il n’était pas agressé par les maladies ou les humains, le platane vivrait des siècles. L’ olivier de Roquebrune-Cap-Martin (Côte d’Azur) a 2000 ans
L’arbre crée, de plus, des colonies. Sexué, il distribue des graines, et étend aussi des racines qui rejettent. Voilà pourquoi on trouve des platanes centenaires entourés de vieux frères, des peupliers se renouvelant depuis 10 000 ans dans l’Utah, des crésotiers (Larrea) de 13 000 ans dans le désert de Mojave (sud de la Californie), et un houx royal de 43 000 ans s’étalant sur un kilomètre, en Tasmanie. "L’histoire de notre espèce zoologique tient dans la vie d’un arbre", remarque Francis Hallé, biologiste.
"L’autre prodige de l’arbre est de résoudre ses problèmes sans bouger. C’est un bon citoyen, taiseux, économe, qui déjoue ses ennemis sans bruit : l’if par exemple produit des molécules qui éloignent souris et insectes et, ce faisant, il fournit le taxol, un anticancéreux. Et tilleul, bouleau, noisetier,citronnier, pour ne citer qu’eux, donnent aussi des médicaments.
L’homme avec ses 2m² de peau, sous-estime la surface d’un arbre. Pour la calculer, il faut mesurer chaque feuille recto verso, ajouter branches et rameaux, racines et poils absorbants. Un arbre feuillu de 15 mètres occupe 200 hectares, l’équivalent de Monaco. Toute cette surface respire, et nous fait respirer.
"Grâce à la photosynthèse, l’arbre est notre meilleur allié dans la lutte contre le réchauffement" : Il absorbe quantité de dioxyde de carbone. 20 % à 50 % de la matière produite par l’arbre - bois, racines, feuillages, fruits... - est constituée de CO2 . Ainsi, en respirant, l’arbre épure l’atmosphère. Il séquestre le dioxyde de carbone et les polluants urbains tels que métaux lourds, plomb, manganèse, suies industrielles, oxydes d’azote et de soufre, l’ozone... Ceux-ci sont stockés dans le bois. Il faut donc préserver les puits à carbone que sont les vieux arbres.
" En même temps, l’arbre libère l’oxygène qui nous fait vivre. Un homme consomme environ 700 grammes d’O2 par jour, soit 255 kg par an*. Pendant ce temps, un arbre moyen en produit 15 à 30 kg. Il faut donc une dizaine d’arbres pour oxygéner un homme. En plus, l’arbre humidifie et rafraîchit l’atmosphère par évaporation et transpiration. Une zone boisée de 50 m2 fait baisser la température de 3,5 °C et augmente le taux d’humidité de 50 %.
"Sous-bois, racines et sous-sols font vivre champignons, lichens, fougères, plantes épiphytes, insectes, vers et mammifères. Sous terre, les racines font circuler des tonnes d’eau pour abreuver les feuilles. Souvent, elles dépassent en longueur les branchages. Ainsi, le jujubier de Libye, haut de 2 mètres, possède des racines de 60 mètres.
"Les enquêtes de l’ONU montrent que la moitié des forêts de la planète a été détruite au XXe siècle. Ainsi, 7,3 millions d’hectares de forêts tropicales ont disparu chaque année entre 2000 et 2005, soit 20 000 hectares par jour. Résultat, la déforestation et la dégradation des forêts tropicales contribuent pour 15 % à 20 % aux émissions de CO2 : brûlés, abattus, les arbres libèrent leur carbone.
A l’inverse, l’ONU estime que des plantations d’arbres pourraient compenser 15 % des émissions de carbone dans la première moitié du XXIe siècle.
"L’économiste indien Pavan Sukhdev a chiffré les services rendus par les écosystèmes à la conférence de Nagoya sur la biodiversité.
Il calcule la valeur économique de la nature et ses dégradations. "Les gros chiffres impressionnent", dit-il. "Si nous divisions par deux le rythme de la déforestation d’ici à 2030, les réductions d’émission de CO2 allégeraient de 2 600 milliards d’euros le coût du réchauffement. L’érosion de tous les écosystèmes terrestres - forêts, sols... - nous fait perdre entre 1 350 et 3 100 milliards d’euros chaque année".
Mais l’arbre ne porte pas d’étiquette, son prix n’est pas affiché : notre aveuglement face à ce problème tient à "l’invisibilité économique des écosystèmes, invisibilité qui mène à la crise écologique."
Lors de nos randonnées, nous devrions comme Giono, creuser judicieusement, de ci de là, le sol de nos bâtons et y laisser choir quelques glands ramassés au pied d’un chêne majestueux, dans l’espoir qu’ils germent et deviennent à leur tour des puits à carbone......
Bonnes rando ! .
En même temps, l’arbre libère l’oxygène qui nous fait vivre. Un homme consomme environ 700 grammes d’O2 par jour, soit 255 kg par an....
... s’il n’a pas besoin d’une bouteille d’oxygène sous pression pour survivre.
Messages
1. En 1785 Buffon planta un platane..., 13 mai 2021, 14:55, par Jacques
On peut planter des chênes, mais ils demandent plus qu’un trou dans la terre, et ils résistent mal aux assauts du bombyx disparate qui dévore toute ses feuilles ...
Le figuier et l’olivier par contre résistent mieux à la larve de ce papillon...
Est ce pour cela qu’autour d’un cassedu ils sont, très souvent, fréquents ? pour leur ombre ou pour leurs fruits ?
2. En 1785 Buffon planta un platane..., 14 mai 2021, 08:36, par Un Calancoeur
Il y a beaucoup d’ouvrages sur la flore, les fleurs, mais celui que les calanques offrent sur la flore méditerranéenne est très pratique.
Un clic suffit
Je remercie les calancoeurs pour ce travail. Leur association, créée en 2009 regroupe les amoureux du massif des calanques de Marseille dans le respect de la nature et des traditions.