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Isola Piana, Sardaigne
dimanche 1er décembre 2019
Dans l’écriture, en hâte
Engrangée de nuit
Et dans les mots éteints
Avant même l’aube.
Yves Bonnefoy « Poèmes »
Entre Asinara et la côte sarde un îlot, Isola Piana, occupe le milieu de la passe. L’îlot est ras, relief comme végétation. Une tour génoise en granit sombre, à demi ruinée, se dresse près du mouillage au sable émeraude et aux eaux turquoises.
Un mouillage qui devait attirer les barbaresques en quête de razzias après la prise de Constantinople... un mouillage qui nous a également aspirés !
Et tu te lèves une éternelle fois
Dans cet été qui t’obsède.
A nouveau ce bruit d’un ailleurs, proche, lointain ;
Tu vas à ce volet qui vibre…
Dehors nul vent,
Les choses de la nuit sont immobiles
Comme une avancée d’eau dans la lumière.
Regarde…
Yves Bonnefoy « Poèmes »
La drisse bat. Je me lève une nouvelle fois
La tour est là, noire, massive, pensive,
Elle se découpe, sombre, sous un ciel étoilé, anthracite, immobile ;
Et nulle brise ne vient agiter les eaux.
La rosée couvre le pont. La fraîcheur a pris possession de la cabine.
Quels vents demain nous donnera-t-il ?
Chapelle de Fornelli
Au Nord d’Asinara se dresse une chapelle, une émergence solitaire dans un maquis pelé. Elle n’est pas orientée mais regarde la Sardaigne. Un muret la ceinture, percé de quatre portes cardinales, des tombes s’y cachent sous les herbes.
La façade principale est encadrée de murs voutants, en forme d’arc. Un pauvre tympan surmonte la porte.
La chapelle n’a pas de clocheton mais un mur arrondi, percé d’une large fenêtre ouvrant sur l’aire desséchée qui la suit. Elle n’a pas de cloche.
Par l’embrasure de la porte arrachée, l’ombre des cintres des deux ouvertures latérales se dessine.
L’enclos qui l’enferme n’a plus de portail. Le temps, les vents, la sécheresse des lieux et celle des cœurs a tout ramèné à la cendre.