Après un ultime mouillage...

Et ce premier jour à terre la pluie nous a accompagnés, une pluie fine, persistante, qui dans l’après-midi est devenu un déluge. Les chenaux dégorgeaient comme des cataractes, les arbres fumaient, et les fusibles sautaient…

Nous nous sommes dit « Il y aura des champignons cet automne »… le voyage était bien terminé.
Un autre voyage commençait : le bois à couper, les arbres à tailler, les mauvaises herbes à retirer. Et les trous à travers la clôture à reboucher pour empêcher les sangliers de labourer autour des murs.

Vues de la bergerie, la mer est lisse, sans une ride, la côte sarde est grise au soleil levant, l’île d’Asinara toujours amarrée à la pointe extrême de la Sardaigne. Rien ne semble avoir changé.
Le changement est dans la végétation. L’été a été pluvieux, très pluvieux et le maquis est vert, d’un vert jeune et luisant, frais. Et les arbres fruitiers sont verts au sortir de l’été. Ils ont survécu.

Le puits est plein. Et les troupeaux, tout l’été, y ont puisé.
Il nous reste à visionner nos dernières photos marines, les trier, classer, et sélectionner celles pour le blog.
Dernières images d’un monde qui se ferme.
Désormais nous sommes terriens.

" L’étoile sur le seuil. Le vent, tenu
Dans des mains immobiles.
La parole et le vent furent de longue lutte,
Et puis ce fut d’un coup ce silence du vent.

Le pays découvert n’était que pierre grise.
Très loin, très bas gisait l’éclair d’un fleuve nul.
Mais les pluies de la nuit sur la terre surprise
Ont réveillé l’ardeur que tu nommes le temps. "