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"Voilà le constat alarmant du « compte à...

jeudi 3 décembre 2020

"Voilà le constat alarmant du « compte à rebours sur la santé et le changement climatique » du Lancet, revue médicale britannique de référence, publié jeudi 3 décembre. Cette 5e édition dresse le pire panorama depuis le lancement, en 2015, de cette collaboration de 35 institutions, dont l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, les 120 auteurs appellent à profiter du « moment clé » des plans de relance afin d’améliorer la santé publique, de créer une économie durable et de protéger l’environnement."

Voilà l’article publié par ’Audrey Garric d’après Le Lancet de ce jour, Copyright Le Monde.

«  La pandémie nous a montré que, lorsque la santé est menacée à l’échelle mondiale, nos économies et nos modes de vie peuvent s’arrêter, rappelle Ian Hamilton, directeur exécutif du Lancet Countdown. Or les menaces pour la santé humaine se multiplient et s’intensifient en raison du changement climatique et, si nous ne changeons pas de cap, nos systèmes de santé risquent d’être débordés à l’avenir. Le monde n’a pas le luxe de faire face à plus d’une crise à la fois. »

La France parmi les plus à risque

Alors que le réchauffement ne cesse de s’accélérer, les personnes de plus de 65 ans ont expérimenté un nombre record de jours d’exposition à des vagues de chaleur dans le monde en 2019. Les décès liés à la chaleur parmi cette population ont augmenté de 54 % lors des deux dernières décennies, pour atteindre près de 300 000 morts en 2018, principalement en Chine, en Inde, en Allemagne et aux Etats-Unis. «  Les canicules provoquent des coups de chaud, des insolations et une grosse déshydratation qui peuvent mener à une insuffisance rénale. La chaleur aggrave aussi les maladies cardiovasculaires et respiratoires  », explique Hélène Rossinot, médecin spécialiste de santé publique et l’une des autrices du rapport pour la France.

Avec plus de 104 000 morts au total, l’Europe est la plus touchée des régions – telle qu’elle est délimitée par l’OMS, en incluant l’intégralité de la Russie et nombre de pays d’Asie centrale. Cette vulnérabilité aux chaleurs extrêmes est depuis longtemps exacerbée sur le Vieux Continent et en Méditerranée orientale, en raison d’une population plus âgée, d’une prévalence plus forte des maladies cardiovasculaires et d’une importante urbanisation qui génère des îlots de chaleur urbains.

Ces trois facteurs sont encore plus marqués en France, qui fait partie des pays les plus à risque dans le monde en termes d’exposition des populations vulnérables aux vagues de chaleur, prévient le Lancet. Néanmoins, en raison d’un «  bon plan canicule  », indique Hélène Rossinot, la France a limité la mortalité par rapport à d’autres pays, enregistrant 8 000 décès de personnes âgées en raison de la chaleur en 2018.

Diminution des récoltes

Au-delà de l’élévation du thermomètre, la multiplication des événements climatiques extrêmes met en péril, là encore, les populations. Les incendies, les inondations ou les sécheresses entraînent des problèmes respiratoires, des lésions cardiaques ou pulmonaires, des noyades ou encore la recrudescence d’épidémies, telles que le paludisme, la dengue, le choléra ou des diarrhées. Selon le rapport, 128 pays ont connu une augmentation de l’exposition de leur population aux incendies depuis le début des années 2000.

Le dérèglement climatique affecte également indirectement la santé, par exemple en réduisant les récoltes, ce qui altère la sécurité alimentaire. Les vagues de chaleur ont en outre entraîné la perte de 302 milliards d’heures de travail en 2019 dans le monde, essentiellement dans le secteur agricole. L’Inde et l’Indonésie sont les pays les plus touchés, ce qui s’est traduit par une diminution annuelle de leur PIB de 4 à 6 %. Une baisse de revenus qui se répercute encore davantage sur la santé des plus fragiles.

La capacité des infrastructures sanitaires de faire face à ces chocs est encore insuffisante, malgré de fortes améliorations, note le rapport. Seule la moitié des pays étudiés ont élaboré des plans nationaux en matière d’adaptation des systèmes de santé, et moins de la moitié ont procédé à des évaluations de leur vulnérabilité.

Les auteurs appellent à limiter de toute urgence et de manière durable les émissions de gaz à effet de serre. Ils recommandent de réduire l’usage des énergies fossiles, en particulier dans les transports, et d’effectuer une transition vers des régimes alimentaires à base de protéines végétales, alors que l’élevage est une importante source de gaz à effet de serre.

« Ces mesures de lutte contre le changement climatique permettraient en outre d’énormes gains pour la santé en termes d’air plus pur, d’alimentation plus saine ou encore d’activité physique accrue », assure Ian Hamilton. La pollution de l’air a entraîné près de 7 millions de décès prématurés dans le monde en 2018, tandis que, selon le Lancet, la consommation excessive de viande rouge a contribué à 990 000 décès prématurés en 2017, soit une augmentation de 72 % depuis 1990.
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Copyright Le Monde Article d’Audrey Garric