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Sentier 2 : le paradoxe actuel
Accueillir et protéger : le Paradoxe des Parcs ?
L’évolution de l’économie de la montagne a profondément modifié le statut du sentier. Le Parc national des Écrins en fait son “objet quotidien” à travers son parcours régulier par les gardes-moniteurs mais aussi en (r)établissant un réseau de sentiers majeurs restaurés, entretenus, améliorés et mis en valeur. Il s’agit de maintenir les accès à la haute montagne, aux hameaux d’altitude, aux cols, pour les usages agricoles, forestiers, pastoraux, sportifs et de découverte.
En prenant cette responsabilité, le Parc définit ce qu’est le sentier et à quoi il doit répondre. Avec ses partenaires, il assume à la fois une continuité et une nouveauté : celle de la mise en relation des publics avec le territoire protégé.
Dès lors, la gestion du sentier participe de la gestion de l’espace dans sa triple exigence :
- conserver les usages,
- mettre en relation les publics avec les différents territoires, sites, paysages
- utiliser le sentier comme un outil de gestion des flux pour faire découvrir, mais aussi canaliser la fréquentation.
Le sentier devient la meilleure réponse à ces enjeux, nombreux et contradictoires.
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Des principes président à la gestion du réseau de sentiers d’accès au coeur d'un parc : conserver le tracé ancien, les modes constructifs, les protections naturelles ou bâties. La “découverte” ne justifie pas de jalonner les itinéraires de marques et de panneaux. En termes de signalétique directionnelle, la politique du Parc est celle du “juste nécessaire”...pour conserver la naturalité des lieux, la lisibilité du paysage et des usages, pour lutter le plus possible contre toute forme d’artificialisation et de banalisation.
Ainsi, les panneaux d’information installés au départ des sentiers d’accès au coeur du parc national sont les dernières implantations de ce type dans le milieu naturel. Chaque “porte d’entrée” rappelle la réglementation du coeur, propose une carte au 1/15000 du site, indique le ou les sentiers entretenus et leurs destinations. Selon les sites, un panneau propose quelques thèmes de découverte, d’observation ou d’interprétation possibles.
Ensuite, place au sentier. Là, c’est tout le rapport à la montagne qui se joue, se symbolise et s’impose. Ici on ne va qu’à pied, ici on va en silence, ici on est dans les pas de l’histoire des lieux, ici en pleine nature, on est dans l’espace d’autrui, du forestier, du berger, du garde, du guide…
Ils ne sont pas propriétaires mais acteurs de l’espace qui est avant tout le territoire des asphodèles, des apollons, des chamois, des hermines, des rhododendrons, des lichens et des pierres.
Le sentier ouvre la porte d’un territoire où chacun doit se sentir invité et se comporter en invité. Le partage est à ce prix, la conservation aussi.
La double mission des Parcs nationaux est un paradoxe permanent... et assumé.
Le sentier est une réponse à ce paradoxe. Il rend accessible l’espace au grand public et l’invite à la découverte.
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Connaître la fréquentation
La gestion des itinéraires est aussi un mode de protection des milieux sensibles - ou fragiles qu’ils évitent. Marquer fortement un sentier invite le randonneur à y rester.
Pour préserver les patrimoines naturel et culturel de son territoire tout en les partageant avec le public, le Parc se doit de bien connaître ses visiteurs. Un dispositif de suivi est mis en place dans les Ecrins. Tous les cinq ans, une enquête de fréquentation est effectuée, avec l’aide des équipes de terrain et l’accompagnement d’un bureau spécialisé. Tendances, évolutions des comportements, attentes des publics... Autant d’informations qui permettent de savoir qui sont les visiteurs et de noter les évolutions.
Sécuriser le risque ?
Le sentier répond à des usages sociaux et à des besoins d’accès très différents. Quand l’activité agricole nécessite un réseau dense de dessertes vers les parcelles cultivées, le pastoralisme a besoin d’une connexion entre vallée et alpage qui supporte le passage du troupeau.
Visiteurs, randonneurs, naturalistes et même sportifs ont aussi des attentes bien précises, comme la présence de balisage et d’information sur le milieu, le spectacle d’une vue dégagée, la variété des paysages ou l’entretien du sentier pour assurer leur confort, en particulier sur le plan directionnel. Les drayes des moutons peuvent vite devenir source de confusion et de perplexité pour un promeneur qui a perdu de son horizon le prochain indice qui marque le sentier…
Dans une demande chaque jour plus contradictoire, la montagne doit offrir sécurité et gages de sécurité, mais aussi authenticité, valeur patrimoniale et éléments de compréhension d’une civilisation de la montagne en proie à une grande mutation.
Certains professionnels de la montagne demandent plus de sûreté sur les itinéraires fréquentés. Pour autant, les équiper d’échelles, mains courantes et autres câbles d’acier ou gardecorps reste un choix délicat. Jusqu’où faut-il pousser ces aménagements ?
La meilleure façon de sécuriser pourrait être de ne rien installer, de conserver la naturalité du site et ainsi de responsabiliser chacun...
Dans le coeur du parc national, chaque équipement indispensable se doit d’être reversible.
Sur ces sujets, les questions sont plus nombreuses que les réponses. Les gestionnaires doivent tenir compte des jurisprudences…
Entre les obligations réglementaires et l’appréciation subjective du danger, sur le terrain, ce sont généralement des solutions de bons sens qui se définissent, au cas par cas et en partenariat.
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